Eric Denécé a-t-il été assassiné par les barbouzes de l’état français ? La question se pose après la mort dans des conditions plus que suspectes de ce dernier le 12 juin dernier.
Bien que classé selon la version officielle comme un « suicide », le brusque décès d’Éric Denécé, ancien officier du renseignement de premier plan et directeur du Centre Français de Recherche sur le Renseignement, intervenu dans la nuit du 11 au 12 juin, ressemble à s’y méprendre à une « liquidation ». Alors osons la question qui fâche : Qui a assassiné Eric Denécé ?
Un « suicide » bien troublant et bien « arrangeant » de trois balles entre les omoplates, qui n’est pas sans ouvrir la boîte de Pandore sur la série de mystérieuses disparitions qui frappent les milieux du renseignement français depuis quelques mois. A commencer par la mort suspecte de trois agents de la DGSI qui se sont eux aussi suicidés sur une période de cinq mois. Bien qu’une enquête ait été diligentée auprès du Procureur de la République de Nanterre, gageons que la conclusion confortera néanmoins la thèse officielle.
Des morts toutes plus incohérentes les unes que les autres, des coïncidences troublantes qui ont suscité une inquiétude unanime des proches d’Eric Denécé qui contestent en bloc la version du suicide. Une suspicion légitime que nous ne pouvons que pleinement partager.
Cette thèse officielle du suicide a pourtant été maintenue par les enquêteurs qui affirment avoir retrouvé ce dernier sans vie à son domicile au XVème arrondissement de Paris. Une version qui suscite bien des interrogations et plus que des doutes. Pour sa famille, ses amis, ses collaborateurs et de nombreux acteurs du monde du renseignement il est tout simplement impossible qu’il se soit suicidé.
On ne peut qu’être sceptique en effet lorsque l’on sait qu’il avait entre autres en projets un nouvel ouvrage, des collaborations sur plusieurs magazines et une série de postcat en cours ; sans compter la demande faite à Éric Verhaeghe du Courrier des Stratèges de « le rappeler lundi » ! Le colonel Jacques Hogart lui-même qui le connaissait bien est persuadé que les « services » pourraient ne pas être innocents dans cette disparition.
Une disparition qui arrive étrangement après celle du Général Dominique Delawarde, figure de la contestation et de la résistance, bien connu également pour ses prises de position contre la guerre en Ukraine, et qui s’était fait le chancre de la vérité sur ce conflit via des analyses très documentées. Alors certes, un AVC chez un homme de 76 ans n’a rien d’extraordinaire, mais pour ceux qui le connaissaient son décès brutal tombe fort à propos. Dominique Delawarde avait en effet effectué une longue carrière dans l’armée française, et avait exercé des fonctions de commandement et de liaison à l’international, avec des missions aux États-Unis, au Proche-Orient, dans les Balkans et dans la péninsule arabique. N’hésitant pas dans plusieurs prises de position publiques à mettre en cause Emmanuel Macron à travers sa politique russophobe.
Tout comme Dominique Delawarde dont il était l’ami, Eric Denécé affichait des positions contre l’extension de l’OTAN, allant à l’encontre des vérités officielles de l’Union Européenne et des gouvernements français successifs sur les effets et les raisons de la guerre en Ukraine, dénonçant le coup d’État de Maïdan, le non-respect des Accords de Minsk, le poids des néoconservateurs américains et l’influence des ultranationalistes ukrainiens dans ce conflit voulu par une politique qui ne pouvait que conduire à l’agression russe. Il s’était élevé contre le « véritable totalitarisme médiatique » instauré en Occident, dénonçant les techniques utilisées par les spécialistes de la manipulation – diabolisation, culpabilisation, matraquage médiatique, inversion des réalités et mensonges délibérés – visant à conditionner les opinions publiques française et européenne.
Ses arguments, fort bien documentés, faisaient mouche et se révélaient gravement dérangeants pour certains. La seule faute d’Eric Denécé a sans doute été de « savoir trop de choses ».
Excellent analyste, profondément patriote, cet homme droit qui n’était pas à vendre et n’hésitait pas à afficher ses convictions avait répondu récemment à une connaissance qui le mettait en garde qu’« ils n’oseraient pas ».
Il est extraordinaire qu’un homme de 62 ans à qui tout réussit, bien dans sa tête, qui n’a aucuns problèmes et qui multiplie les projets d’avenir, décide subitement de mettre fin à ses jours… N’oublions pas néanmoins que nous sommes en macronie et qu’en macronie la « vérité » est un gros mot. Nombre de personnalités tirent profit de ce système absolument abject et inhumain, ce qui explique sans doute qu’aucunes questions ne doivent être posées.
Eric Denécé importunait c’est incontestable. Il s’était notamment opposé en son temps à la cession du pôle énergie d’Alstom à General Electric, dénonçant les conséquences sur la souveraineté nationale et l’aberration des agissements d’Emmanuel Macron. La pertinence de ses analyses, son refus du mensonge d’état, et sa profonde expérience du renseignement et surtout sa droiture faisait de lui une personne agaçante et dangereuse pour le pouvoir en place. Récemment encore il déclarait concernant le confit russo-ukrainien : « nous ne pouvons accepter que soient diffusées sans discontinuer depuis l’automne 2021 – et surtout depuis le 24 février 2022 –, autant d’informations partiales ou fausses. Dès lors, on est en droit de s’interroger quant au rôle des différentes cellules de lutte contre la désinformation mises en place en France et dans les pays européens ».
Lors d’une interview accordée au magazine Algeriepatriotique en juin 2024 il déclarait alors : « Notre équipe (CF2R) se compose en grande partie d’anciens du renseignement issus de tous les services français, intérieurs comme extérieurs, civils et militaires. Nous avons donc une ‘’déformation professionnelle’’ : celle de nous attacher aux faits, rien qu’aux faits, même lorsqu’ils nous déplaisent. Nous ne produisons pas des analyses pour faire plaisir à la classe politique ou aux médias. C’est pourquoi nous avons affirmé dès fin 2021 qu’un conflit se préparait et que les Américains allaient tout faire pour que la responsabilité en soit attribuée à Moscou, alors qu’ils en ont été à l’initiative. Tout est fait en Occident pour oublier l’histoire et les origines de cette guerre qui aurait dû être évitée : l’extension de l’OTAN depuis 1991, le refus de prendre en compte les légitimes demandes de la Russie pour une nouvelle architecture de sécurité en Europe, le coup d’Etat de Maidan (2014), le non-respect des Accords de Minsk, les opérations de Kiev pour reprendre le Donbass par la force, etc. »
« L’Occident – c’est-à-dire les Etats-Unis et leurs vassaux européens, désormais dénués de toute volonté propre – ne veulent pas la paix avec la Russie mais, au contraire, essaient de réunir le maximum d’Etats à leurs côtés pour vaincre Moscou. »
« Je suis persuadé que les Américains, qui ne sont pas parvenus à affaiblir la Russie comme ils l’espéraient, vont essayer de lui faire payer sa victoire au prix fort… en continuant à envoyer les Ukrainiens se faire massacrer ! Par ailleurs, il faut rappeler que les Etats-Unis ont besoin d’un conflit, d’un adversaire diabolique contre lequel orienter leur politique pour maintenir leur domination sur le monde. C’est indispensable aussi pour leur économie. Sinon, quel prétexte vont-ils trouver pour doubler le budget de défense du Pentagone comme cela a été annoncé ? Ou pour continuer à contrôler les Européens, pourtant déjà bien serviles ? La Russie est donc l’adversaire idéal, qu’ils ont intérêt à conserver. Ils ont d’ailleurs réussi, par ce conflit, à provoquer le resserrement des liens entre Moscou, Téhéran et Pyongyang. Washington fait donc de Moscou un ’’super Etat voyou’’ dans son intérêt et a probablement intérêt à ce qu’une nouvelle guerre froide s’installe. »
« Il y a un parallèle indéniable entre les positions et les politiques de Netanyahou et Zelensky. Ces deux hommes sont dans une fuite en avant totalement suicidaire pour leur pays, mais indispensable pour eux-mêmes, afin de repousser le plus longtemps possible les poursuites judiciaires ou populaires contre eux. »
Eric Denécé était un homme honnête, loyal et courageux, et nous ne serions pas surpris qu’il l’ait payé de sa vie. Avec son décès la vérité perd l’un de ses plus ardents défenseurs. Nous adressons à sa famille et à ses proches nos plus sincères condoléances.
Valérie Bérenger